dimanche 28 juillet 2013

Célébrer sa propre mort. A Louvain-la-Neuve. A Namur

Yves du Monceau, celui qui avait invité l'UCL, ses membres et ses amis sur les terres d'Ottignies vient de dire au revoir. Ses funérailles seront célébrées, jeudi matin 1 aout à 11 heures, dans l'Eglise Saint-François de Louvain-la-Neuve.
C'est une tristesse de saluer celui qui fut non seulement un initiateur mais un compagnon de route. Il a soutenu le Conseil des Résidents en rencontrant ses délégués avant même le peuplement de Louvain-la-Neuve. Je partage la tristesse de la famille mais aussi sa fierté face à une vie accomplie.
Je raconte ailleurs dans ce blog qu'à l'enterrement de Woitrin, devant sa tombe, Yves et Cédric du Monceau et moi-même avons confronté des souvenirs de la préhistoire de LLN. L'ancien bourgmestre avait dit regretter de ne pas avoir réussi à imposer un cimetière propre à Louvain-la-Neuve.
La conclusion était plutôt de valoriser le lieu de Blocry où la plupart des pionniers sont enterrés.
Blocry, quartier d'Ottignies-Louvain-la-Neuve collé à celui d'Hocaille,
Les humains qui s'approchent de la mort choisissent de plus en plus souvent le lieu de l'adieu, des textes et des musiques, des intervenants, ...
Le 8 juin c'était l'hommage à Christian de Duve dans l'église de Blocry. Il avait demandé à son ami Jean Vandenhove, biologiste à l'Université de Namur, d'exprimer un des témoignages de base.
Six semaines plus tard, Jean Vdh décédait lui-même, après avoir choisi que sa fin de vie soit un peu écourtée dans une euthanasie, une bonne mort. Et c'est aussi dans une église, celle de Saint-Loup de Namur, que nous avons vécu un dernier adieu.
Lors des deux célébrations furent évoquées le parcours de réflexion de ces deux scientifiques.
Une nouvelle tradition de parcours de deuil, de chemins de l'adieu est en train de s'affirmer. Depuis quelques années déjà, j'en parle ailleurs, avec René Lavendhomme à  Froidmont, et Nicolas Rouche à Louvain-la-Neuve.
Cela vaut la peine de s'interroger sur la grande diversité de ces adieux au monde.

samedi 13 juillet 2013

Mourir à Louvain-la-Neuve. Un coin de cimetière bio ?

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Du gazon a remplacé les gravillons dans le carré des enfants et le ciment sur plusieurs trottoirs. Une vingtaine de tombes vont être sacrifiées pour planter des arbres. Des ruches ont été installées au fond du cimetière, et à l'entrée, un "jardin d'accueil" avec des arbres fruitiers va bientôt voir le jour.
"J'ai envie d'un autre regard, que les gens prennent du plaisir à se promener dans les cimetières", explique Cathy Biass-Morin qui se réjouit d'avoir vu ce joggeur courir récemment dans les allées.
A suivre sur :
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_versailles-ou-la-revolution-du-cimetiere-ecologique?id=8047801

mercredi 10 juillet 2013

Mourir à Louvain-la-Neuve

Mourir à Louvain-la-Neuve
Au début de la cité, on l’appelait « la ville sans cimetière ». Les murs en parlaient : Ville sans cimetière, où caches-tu tes morts ? Il y avait peu de personnes âgées de plus de 60 ans. Le Père Édouard Boné, ancien recteur des Facultés Notre-Dame de la Paix, habitait ruelle Dédale, près de la primitive rue des Wallons. Clément Macq, le papa du futur recteur Pierre Macq était parmi les premiers usagers.
Pourtant lors de discussions sur la future église certains la voulait vaste pour abriter les funérailles de grands professeurs. Mais la mort n’a pas attendu qu’on lui prépare un jardin. Les premiers décès furent troublants car ils n’étaient pas tous la conséquence de la vieillesse. Plus troublant encore le premier suicide.
Certains trépassés se retrouvèrent au cimetière d’Ottignies près de la "nouvelle" clinique Saint-Pierre (la première se trouvait sur le flanc du plateau près de la gare). La plupart trouvèrent asile au cimetière de Blocry, petit cimetière champêtre proche de la chaussée de la Croix. Il devint commun au quartier d’Ottignies préexistant à Louvain-la-Neuve et à la cité nouvelle.
Lors de l’enterrement de Michel Woitrin, en 2008, l’ancien bourgmestre d’Ottignies me confia devant sa tombe : Il y a une chose que je n’ai pas réussi à faire c’est amener l’UCL à créer un cimetière pour les habitants de Louvain-la-Neuve. J’espère que mon fils Cédric le fera.
Mais les participants ont convenu que l’on partagerait Blocry, que le coin était charmant, que les pionniers y avaient trouvé éternel refuge, que le bois était proche, à l’écart des maisons…
De fait en se promenant dans les allées du cimetière, jouxtant le rond-point du quartier Bauloy, on retrouve beaucoup d’amis parmi les pionniers de Louvain-la-Neuve. J’ai plus d’amis là que dans ma rue. Quel souvenir ont-ils laissé ? Une dalle tombale, une simple croix, des arbustes en pleine terre…
La création d’un crématorium à Court-Saint-Étienne, au lieu-dit le Champ de Court, entre la Nationale 25 et le village, a changé la donne. Un cadre superbe, espaces verts et cailloux blancs, vue imprenable sur la vallée de la Dyle a-t-il changé les habitudes funéraires du Brabant Wallon. La tradition de l’inhumation va-t-elle se perdre ? Où faire souvenir des anciens de Louvain-la-Neuve ? Une liste sur un monument ? Un arbre dans un verger ?
Va directement au crématorium sans passer par la case église.
On a perdu l’antique tradition. Exposition dans une pièce du domicile, la chambre funéraire, aménagée par les pompes funèbres. La porte de la maison était parfois cadrée de draperies noires. À Bruges on colle encore une grande affiche sur la « mortuaire ». On recevait les visites à la maison. Condoléances recueillies dans un registre, lettres et cartes de visite déposées sur un plateau.
Petit à petit la mort s’est vécue à l’hôpital. Elle a été médicalisée. La morgue est devenue lieu de réception avec l’avantage de pouvoir mettre les dépouilles mortelles dans un espace réfrigéré en dehors des visites.
Depuis quelques années le funérarium s’est souvent imposé comme le lieu de l’entre-deux-mondes.
Et aujourd’hui, à Louvain-la-Neuve et dans les environs, que deviennent les rites de funérailles ? Pour les baptisés une église est-elle encore une des étapes du parcours ? Ou bien la proposition d’accompagnement différencié selon les traditions convictionnelles a-t-elle fait oublier un lieu spécifique de célébration. Va directement au crématorium sans passer par la « case église ».
Inversement on voit que des "peu pratiquants" souhaitent le cadre d’une église pour des hommages laïques. Pour René Lavendhomme, professeur émérite à l’UCL, fut choisie pour cadre l’église paroissiale de Froidmont. Et la célébration ressemblait fort au rituel chrétien si ce n’est l’animation par une dame représentante de la laïcité. Plus près de nous, en 2013, Christian de Duve reçut un hommage très fort dans l’église de Blocry, au bord de Louvain-la-Neuve. Sa mort avait été volontaire, le moment choisi, il affirmait ne plus croire en Dieu, même dans ce qu’il avait nommé un moment l’Ultime Réalité mais une bonne part de sa famille, fort chrétienne souhaitait vivement célébrer un long moment dans un lieu d’Église.
Quel avenir à Louvain-la-Neuve pour la ritualisation de la fin de vie ?