Elle fut inaugurée le 7 octobre 1984. Il y eut de longues
discussions autour de son nom. Il me semble qu'il y avait
"Notre-Dame" dans le trio de noms proposés. Saint-François l'emporta.
Je n'ai plus de souvenirs précis. Quelqu’un en a-t-il ?
Cela m’amène à réfléchir sur la place des églises dans le
milieu universitaire UCL depuis 60 ans. D’autres que moi ont certainement une vision
différente. Les commentaires sont ouverts.
Louvain-la-Neuve d’abord.
Louvain-la-Neuve d’abord.
Depuis la construction de Notre-Dame d'Espérance à Bruyères, je lui ai toujours préféré cette
dernière église, plus légère, plus conviviale, ... avec des bancs courbes
encerclant un autel central. Un lieu où l'on voit à la fois l'assemblée
et la « table mise ». Un accès pratique pour les personnes avec un
handicap ou subissant les problèmes de mobilité liés à l’âge.
Saint-François. Quand on a fait le choix de l’architecte Jean Cosse, qui
s'était déjà fait connaitre par l'église de Saint-Joseph à Waterloo et d’autres
réalisations, on avait espéré une "église maison", hospitalière comme
un foyer familial. Pour moi Saint-François a davantage l'allure d'une
forteresse, avec ses angles acérés, son donjon. L'orientation des sièges amène
à regarder droit devant soi. Les murs ne se font pas oublier. Cela reste une
très belle église. Mais un peu le symbole de ces églises fortifiées de
Thiérache http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glises_fortifi%C3%A9es_de_Thi%C3%A9rache
Pour défendre quoi ? Quelle église pour quoi ?
J'avais bien aimé la chapelle
de la Source, sa ligne claire, sa sobriété. J'apprécie que Saint-François
et la Source soient des lieux de culte "du bord du chemin".
Chacune des églises de Leuven et Louvain-la-Neuve
exprime-t-elle une ecclésiologie spécifique ?
À Leuven avant l’émergence de la Paroisse Universitaire puis
de la Communion de Louvain, les membres de l’UCL fréquentaient les églises,
longtemps bilingues, de la ville historique. Certains avaient leurs habitudes
dans les lieux de culte de la multitude d’ordres et congrégations religieuses présentes dans la cité.
Au milieu des années 50, quelques églises étaient plus facilement accessibles
aux francophones. L’église décanale de
Saint-Pierre (longtemps le chœur seulement était utilisable à cause de travaux de
restauration) et l’église Saint-Michel,
proche de la Grande Rotonde.
C’étaient des lieux privilégiés pour des messes et sermons d’Avent
et de Carême. Lorsque Jean-Maurice Servais, responsable des affaires
religieuses à l’UG (ancêtre de l’AGL) commença à coordonner de nombreuses
initiatives dispersées, ce fut Saint-Michel qui accueillit les liturgies
francophones (avec de nombreuses transgressions de la règle du latin
universel). Le curé était accueillant mais chiche. Des lampes de quelques
dizaines de watts (40 watts si je me souviens bien) éclairaient la vaste
église.
Vers 1958, un prêtre nommé par les évêques, Pierre De
Guchteneere, encore connu à Lima en 2014 sous le nom de Padre Pedro, occupa une
petite maison communautaire à la Muntstraat
(rue de la Monnaie). Un ancien café. On parlait aussi, non officiellement, de Centre Saint-François.
Plus tard l’UCL accueillit la communauté catholique
universitaire dans deux maisons siamoises à la Place Hoover 9 et 10. Il avait
une chapelle au sein d’une maison communautaire « multigénérationnelle »,
le Centre Religieux Universitaire ou
plus brièvement le CRU. Lorsqu’en 1974 l’aumônerie devint une Paroisse
officielle elle prit possession de la superbe église de Notre-Dame-aux-Dominicains (Predikheren) dans le quartier Médecine
de Leuven, sur une ancienne île de la Dyle. Et reçut de façon inattendue, Mgr
Pierre Goossens comme curé.
Il avait été vicaire général à Bruxelles, il se fit « primus
inter pares », au milieu d’une équipe sacerdotale et ensuite pastorale,
femmes et hommes, laïcs et prêtres. La Paroisse Universitaire afficha son
ecclésiologie en tant « communion de communautés ». La cellule de
base était le petit groupe : maison communautaire (ancêtre des Kots-à-projet de
LLN), équipe biblique, fraternité de Foucauld, équipe de foyers, mission de Pâques en France ou
ailleurs, … Avec l’abondance de prêtres
à Leuven à l’époque, l’eucharistie de base était souvent une eucharistie domestique. À la table de
réunion, sur les planches posées sur un tréteau, à l’étape d’une marche. Des
grandes et belles liturgies réunissaient la paroisse le mercredi soir et le
dimanche matin dans l’antique nef de Notre-Dame. Le mercredi, après messe, on
se dispersait pour souper dans les maisons communautaires du quartier. Parmi
les commus (je commets un anachronisme), il y avait le CRU, aiguillon pour l’UCL
et les chrétiens belges. On y espérait que dans les années 70, hommes et femmes
auraient accès de façon égale à toutes les fonctions ecclésiales.
Pour le transfert à Woluwe et Louvain-la-Neuve on avait
prévu que les lieux de culte se développeraient progressivement, au fur et à
mesure des constructions et des migrations, en n’abandonnant pas les décisions
importantes aux facultés scientifiques pionnières de la ville nouvelle, que
pendant le déménagement il resterait une équipe unique à la tête de la
paroisse, que les prêtres tourneraient de lieu en lieu, … On s’inquiétait des
paroles de certains professeurs qui proclamaient « une université
catholique arrivant en Wallonie doit planter son drapeau ». Quelques-uns
rêvaient d’une cathédrale alors que les chrétiens louvanistes recherchaient
plutôt une « église servante et pauvre ».
Coup de théâtre. On apprit que les évêques et les autorités
de l’UCL avaient décidé de faire table rase de l’expérience ecclésiale de
Leuven. Que l’on recommençait tout à zéro, que Mgr Goossens ne pourrait pas
venir habiter LLN (après négociation on lui avait promis de prendre un siège
dans le dernier train du transfert mais quand il fut sur le quai avec les ultimes
étudiants on lui dit que son ticket était périmé mais qu’il y avait un bus pour
Woluwe-saint-Pierre), … L’équipe constituée à Leuven s’arrêtait là sauf pour un
de ses membres. Voilà ! c’est l’histoire. « Le Seigneur me l’a donné,
le Seigneur me l’a repris, béni soit le Seigneur ». Une paroisse plus
conservatrice s’était manifestée à Leuven, autour du Carmel, et la
réconciliation demandait que les deux courants disparaissent.
Malgré les pressions du Vice-recteur De Vroede, une équipe
venant du CRU Leuven s’installa à Louvain-la-Neuve (à l’emplacement de la
Luxembourgeoise actuelle). Elle pensait jouer un rôle comparable à celui que le
CRU jouait à Leuven, à la fois hébergeant des fonctions au service de la
paroisse et gardant sa réputation d’aiguillon, dans les relations
hommes-femmes, la bioéthique, les solidarités internationales, … Elle pensait.
Une chapelle était prévue au CRU. Elle est devenue le bar de
la Luxembourgeoise. En entrant dans la maison à droite il y avait un petit espace
de méditation avec une Bible et quelques livres. Un mariage au moins fut
célébré dans la chapelle du CRU.
La tradition de l’eucharistie de terrain s’estompa peu à peu.
La « première messe » lors du camp international du Biéreau eut lieu
dans la salle à manger du fermier Roussel, au mois d’aout 1972. Avant la messe
on lui demanda une assiette sans lui indiquer son usage. Il entra par hasard au
moment de la consécration. On le crut choqué mais à la fin de la célébration il
dit « si j’avais su que c’était pour cela je vous aurais donné une plus
belle assiette ». Dans la tradition du vieux Louvain, on célébra le
baptême d’un petit Vekemans, qui habitait au-dessus de la Maison des Sciences
(alors le Maphys) sous l’arbre devant l’entrée (derrière le mur à bandes
dessinées). En plus de chants liturgiques on n’oublia pas le chant récemment
sorti de Maxime Le Forestier, « comme un arbre dans la ville ».
Autour de Raymond Thysman, la paroisse se fit nomade.
Célébration au couvent des Annonciades ; Ensuite dans un local de l’école
primaire, Collège du Biéreau, dont les cours avaient commencé bien avant ceux
de l’UCL. Puis ce fut pendant quelques années le hall des autorités de l’UCL
dans leur pied-à-terre au-dessus de la Poste (à côté du Post actuel).
Une chapelle plus permanente devenait urgente. La place des
Wallons, que les urbanistes nous annonçaient comme une douillette « chambre
urbaine », laissait un espace à quelques pavés blancs du Cercle
Industriel. On y lova une sympathique chapelle, la Source. Un peu comme un
rocher ralentissant le torrent d’étudiants qui après les cours dévalent aujourd’hui
la rue des Wallons vers la gare. Il faut pagayer habilement pour arriver à tourner
dans le flux. Une chapelle au bord d’un torrent impétueux. Une image de l’Église ?
En même temps il fallait songer à une église plus
définitive, dans les environs de la Grand-Place. Sur la place elle-même avec
une promenade le long du lac après la messe dominicale ? Y aurait-il un
jour un bâtiment communal sur ce lieu symbolique ? Il n’y eut ni Hôtel de
Ville ni Cathédrale, il y eut la Faculté de Théologie.
L’église Saint-François se hissa telle une tour du garde sur
un éperon rocheux. Il y a trente ans déjà. Bientôt la rue de l’Hocaille ne se perdra plus dans les
chicanes ou les barbacanes. Elle débouchera sur les nouveaux logements du
projet Agora. L’église se retrouvera en bordure des constructions de la dalle.
C’était un petit texte pour évoquer les lieux de culte proches
de l’UCL pendant la soixantaine d’années que j’ai connue. À vous de le
compléter, éventuellement de le retoucher.
Chacun aura pu constater que je suis de "mauvaise foi". J'ai la nostalgie de notre église Notre-Dame dans les vieux quartiers de Leuven, je passe presque quotidiennement devant la Source et j'aime la paix dominicale et l'espace lumineux de Notre-Dame d'Espérance. Mais j'ai vécu de grands moments à Saint-François. Les prémices de Serge Maucq, les funérailles de Michel Woitrin, d'Yves du Monceau, de Victor Mendez... Quelques belles homélies, des intentions de prière universelle, ... J'essaie d'oublier les murs.
On peut aussi m'envoyer des commentaires par mail sur paulthielen@gmail.com
https://plus.google.com/photos/110075015355556431360/albums/5898198151542752721 Un événement : la messe de prémices de Serge Maucq
Chacun aura pu constater que je suis de "mauvaise foi". J'ai la nostalgie de notre église Notre-Dame dans les vieux quartiers de Leuven, je passe presque quotidiennement devant la Source et j'aime la paix dominicale et l'espace lumineux de Notre-Dame d'Espérance. Mais j'ai vécu de grands moments à Saint-François. Les prémices de Serge Maucq, les funérailles de Michel Woitrin, d'Yves du Monceau, de Victor Mendez... Quelques belles homélies, des intentions de prière universelle, ... J'essaie d'oublier les murs.
On peut aussi m'envoyer des commentaires par mail sur paulthielen@gmail.com
https://plus.google.com/photos/110075015355556431360/albums/5898198151542752721 Un événement : la messe de prémices de Serge Maucq
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